Nourrir 9 milliards d'hommes en 2050

Publié le par chocos

Un modèle alimentaire qui va de travers :

 

Comment généraliser une agriculture comme celle qui existe aujourd'hui dans les pays riches ? Quels en sont ses problèmes ?

- elle utilise de trop grandes quantités d'eau et d'engrais.

- l'industrie agroalimentaire propose de plus en plus d'aliments transformés composés d'additifs chimiques.

- l'offre alimentaire ne tient plus compte des saisons ni des origines géographiques.

 

Ce modèle va mal...

          - inversion du rapport végétal/animal.

- surconsommation de matières grasses et de sucres.

 

De plus en plus copiée par les pays émergents, cette formule alimentaire n'est pas généralisable pour des raisons évidentes : les surfaces cultivables sont insuffisantes ( surfaces 3 à 15 fois supérieures pour produite la même quantité de protéines animales que végétales) et le coût énergétiques est trop élevé.

Peut-on sérieusement continuer ainsi dans les pays riches ? La multiplication des émeutes de la faim depuis 2006 sont là pour nous remettre les pieds sur Terre... Envolée du prix des denrées alimentaires, concurrence des biocarburants, abandon des cultures vivrières,... L'aide internationale venue des pays occidentaux ne suffisant plus à combler les meubles... Et pendant ce temps, des convoitises héritières d'un autre temps apparaissent dans les pays pauvres ; les pays riches achètent ou simplement obtiennent des terres arables afin d'assurer leur « sécurité alimentaire future »... Mais que fait-on de la sécurité alimentaire présente des pays qui se font dépouiller leurs terres ? Les chiffres parles d'eux-mêmes :

 

Sur 800 millions d'hectares de terres cultivables en Afrique, 200 millions seulement seraient cultivées, et, entre 1998 et 2008 la conquête des terres concernait 4 millions d'hectares, contre 45 pour la seule année 2009 !

 

Il nous faudrait plus de surfaces pour généraliser ce modèle ?... mais sachez que déjà les sols cultivables se dégradent par l'activité humaine. Qu'est ce qu'un sol dégradé ? La dégradation peut se manifester de diverses manières : hydriques, éoliennes, altération de la composition chimique,... Il en résulte que chaque année des millions d'hectares deviennent impropres à l'agriculture. Quelles en sont les causes principales ? Taux de concentration trop élevé (surexploitation) et niveau de vie trop faible (mauvaise gestion) => les paysans des pays en développement n'ont pas les moyens financiers et techniques pour lutter contre l'érosion. On peut parler aussi d'industrialisation mal contrôlée et de déforestation...

 

Les techniques héritées de la révolution verte (irrigation,...) convergent avec le réchauffement climatique pour rendre inexploitables « certaines » surfaces : 8% des terres irriguées disparaissent chaque année pour cause de salinisation...

 

 

 

Quelle agriculture pour demain ?

 

Un nouveau départ est nécessaire pour assurer la pérennité de l'agriculture au niveau mondial : doublement des rendements actuels tout en réduisant l'empreinte de l'agriculture sur le réchauffement climatique (20% du CO² aujourd'hui).

REVOLUTION DOUBLEMENT VERTE=> rediversifier espèces & variétés cultivées et adopter des systèmes culturaux plus économes en surfaces et en énergie.

 

A quoi ressemblera l'alimentation de demain ?

Elle sera proche de l'agriculture biologique d'aujourd'hui et s'emparera de toute avancée scientifique pour optimaliser ces 2 paramètres → productivité et durabilité. N'est-il pas absurde que la France importe de la viande de bœuf d'Argentine et que l'Argentine importe de la viande de bœuf française ? Les exemples comme celui-ci sont des milliers, et rien que pour le domaine agroalimentaire... Il faut prendre conscience que le retour aux produits locaux et de saison ne signifie pas l'absence de diversité alimentaire !

 

Hic à résoudre : notre consommation de viande.

Des laboratoires néerlandais étudient la possibilité de créer de la « viande in vitro » :

1- prélever quelques milligrammes de cellules souches animales

2- les plonger dans un liquide riche en protéines et vitamines qui leur permettra de se multiplier.

¤Mais, des détails restent à régler : bien qu'elle est le même goût et le même aspect, elle ne contient pas de sang donc elle est moins appétissante → introduction de sang synthétique ?

(http://www.novethic.fr/novethic/entreprise/pratiques_commerciales/produits/viande_in_vitro_solution_avenir/129595.jsp)

 

D'autre part, de plus en plus de personnes parlent d'intégrer des vers, sauterelles ou autres insectes à notre menu : cela ne fait pas saliver à cause de nos prédispositions inconscientes. Même si cela paraît simple à abroger, c'est un combat compliqué contre nous-même, se battre contre ce qu'on nous a appris. Cela dit, les insectes sont très riches en protéine => tout est question d'habitude culturelle.

 

Que sera l'agriculture dans 10, 20, 30 ans ?

Les problèmes de sécheresse peuvent être réglés par la ferme nouvelle génération venue des Pays-Bas : cultiver fruits & légumes dans des serres en remplaçant la lumière du soleil par des diodes LED afin de réduire considérablement la consommation en eau.

D'un point de vue énergétique, les agriculteurs français utilisent de plus en plus le biogaz qui s'échappe des excréments du bétail (méthanisation) => une cinquantaine de vaches = production énergétique annuelle nécessaire aux besoins de 200 personnes !

 

Enfin se pose le problème qui lie intrinsèquement l'agriculture avec son destin au plan mondial => la conciliation ou non d'une population grandissante et la préservation de l'environnement. Quelques propositions...

- augmentation des rendements (équipements).

- privilégier la consommation humaine directe (- de pâturages et d'agrocarburants).

- diminuer les gaspillages => selon la FAO, 30 à 60% de la nourriture produite serait jetée ou décomposée...

- enrayer l'expansion des terres agricoles au dépens des forêts ( cf le mécanisme REDD des Nations Unies).

 

 

C.G.

Publié dans Géopolitique

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J
Bon, je vais commencer par le commencement. Si on considère que le modèle d’agriculture actuel est insoutenable, ce qui est à peu près certain, il y a deux options :<br /> <br /> 1) Solution altermondialiste : pour eux, les problèmes viennent fondamentalement du capitalisme et de la mondialisation financière. Ils sont souvent en faveur de la décroissance. Ils sont<br /> majoritaires parmi les mouvements écologistes. En matière d’agriculture, cela revient à redistribuer les terres, à lutter contre les corporations agro-alimentaires et l’ « agro-business »<br /> (Monsanto, et les autres).<br /> <br /> <br /> 2) Solution malthusienne : pour qui les problèmes environnementaux viennent fondamentalement de la surpopulation de la planète, qui mène à une surexploitation des ressources. Ils sont minoritaires<br /> parmi les écologistes, mais le WWF – institution respectée – appartient à ce courant, avec des nuances toutefois, car le WWF s’est parfois prononcé en faveur de la décroissance. En matière<br /> d’agriculture, l’idée malthusienne serrai de revenir à une agriculture respectueuse de l’environnement, c’est à dire utilisant moins de pesticides, moins d’eau, arrêtant de défricher les forêts<br /> pour étendre les surfaces cultivables. L’inconvénient est qu’une agriculture respectueuse de l’environnement est moins productive, et est donc incompatible avec l’augmentation de la population<br /> mondiale.<br /> <br /> Ces deux visions ne sont bien sûr pas adiabatiques. Mais personnellement, je me range plutôt du coté des malthusiens. Pourquoi?<br /> <br /> Premièrement, je pense que la décroissance, qui est un des fondements de la pensée écologiste altermondialiste, n’est pas souhaitable. On sait tous qu’une fois que l’on s’est habitué au confort de<br /> la société occidentale, il est difficile d’y renoncer. Et les pays émergents aspirent dans leur immense majorité à accéder à ce niveau de vie, ce qui est parfaitement compréhensible. Bien sur, on<br /> peut concevoir des solutions pour une croissance soutenable, utilisant des technologies vertes. Mais à moyen terme je ne pense pas que ces technologies permettront à 9 milliard d’humains de vivre<br /> avec le niveau de vie occidental actuel. Or on sait tous que notre mode de vie conduit à surexploiter les ressources de la planète. Et l’agriculture intensive en particulier, qui consomme une<br /> grande partie des ressources en eau disponibles, contribue à la pollution par l’usage des machines, contribue à l’érosion des sols, etc.<br /> Dans ton article, tu évoque des solutions telles que la réduction de la consommation de viande. Cette idée est intéressante, mais elle implique un profond changement dans nos habitudes<br /> alimentaires. Il n’est pas sûr que beaucoup de monde soit prêt à faire ce changement, à moins de législation contraignante (écotaxe sur la viande ? Par principe, je n’y suis pas opposé, mais il<br /> serait dommage d’en arriver là). Pareil pour la consommation d’insectes : je n’y suis pas opposé, j’y ai d’ailleurs déjà goûté, mais comment faire pour convaincre toute la population d’en manger.<br /> De plus, rien ne dit qu’il y aura assez d’insectes pour 9 milliards de personnes. Se procurer des insectes sauvages à grande échelle ne sera pas neutre pour les écosystèmes, et les élever selon des<br /> méthodes intensives aura les mêmes inconvénients que la production actuelle de viande. Prôner la consommation d’insecte comme alternative à la viande ne ferrait ainsi que déplacer le problème. En<br /> ce qui concerne la viande de synthèse du laboratoire hollandais, comme tu le dis, la méthode n’est pas encore au point, et je pense qu’il est hasardeux de baser l’agriculture du future sur<br /> d’hypothétiques progrès scientifique. Cela nous amène au point suivant.<br /> <br /> Deuxièmement, avoir confiance en la science et ses progrès pour résoudre les futurs problèmes agricoles auxquels va être confronté l’humanité est un pari beaucoup trop risqué. Bien-sûr, tu vas me<br /> rétorquer que quand Thomas Malthus a écrit ses thèses, il a ensuite été contré par le progrès de la révolution industrielle. Mais rien ne dit qu’une nouvelle révolution scientifique aura lieu! De<br /> plus, la révolution industrielle est justement à l’origine de l’agriculture productiviste néfaste à l’environnement. Pour l’instant, la seule chose sûre et incontestable est que les ressources<br /> s’épuisent. Il y a déjà des menaces de conflits sur le partage de l’eau des fleuves transfrontaliers, qui sont exacerbés par la démographie et l’augmentation des besoins en eau qui en résulte.<br /> Dans ton article, tu évoques le fait que 30 à 60% de la production agricole est détruite ou se gâte avant d’être consommée, et qu’il faudrait prendre des mesures contre ce gaspillage. J’ai déjà<br /> entendu parler de cela. Mais l’argument est tronqué. J’ai lu quelque part, je ne sais plus où, que ce phénomène était principalement du à des problèmes de détérioration des aliments pendant le<br /> stockage et le transport, et qu’il est très difficile de lutter contre cela. Mais surtout, grâce aux progrès des méthodes de conservation des aliments au cours des deux derniers siècles, il y a en<br /> réalité beaucoup moins de gaspillage qu’autrefois. Il va donc être difficile de faire des économies là-dessus.<br /> <br /> <br /> Troisièmement, et c’est le point le plus important, le malthusianisme, loin d’être une pensée égoïste, est au contraire un projet humaniste. Il est fondamentalement lié au concept de « Droits des<br /> générations futures ». Je t’invite à lire la déclaration à l’Unesco sur ce sujet, à ce lien : http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=13178&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html. Regarde<br /> l’article 4 : « Chaque génération, recevant temporairement la Terre en héritage, veillera à utiliser raisonnablement les ressources naturelles et à faire en sorte que la vie ne soit pas compromise<br /> par des modifications nocives des écosystèmes. Pour moi, cet article est malthusien sans le dire. Le raisonnement est le suivant : pour que les générations futures jouissent d’un monde vivable, il<br /> faut ménager les ressources de la planète. Pour cela, les générations actuelles se doivent de ne pas avoir une descendance trop nombreuse.<br /> <br /> <br /> Tu dis qu’il est vrai qu’on sera bientôt trop sur la planète, mais que le malthusianisme est impossible en pratique. Je ne pense le pense pas. Le principal obstacle est le manque de courage<br /> politique. On pourrait très bien imaginer en la matière un système analogue au protocole de Montréal.<br /> <br /> Je terminerai par une citation de Napoléon, et je sais que tu ne le porte pas dans ton cœur. Bien que je l’admire, il a aussi dit des conneries. Au soir de la bataille d’Eylau, après que 20 000<br /> hommes soient morts sur le champ de bataille, il tint conseil avec ses généraux, et eut cette réflexion : « la nuit de Paris réparera cela ». En somme, la vie des soldats n’a aucune importance,<br /> puisque d’autres personnes – qui ne sont même pas encore conçues – vont les remplacer. Vision anti-malthusienne par excellence, et je la trouve bien peu humaniste…<br /> <br /> <br /> <br /> PS : une touche d’humour, car si t’es anti-malthusien, c’est parce que t’es un mec « grégaire » ;) d’ailleurs, tu me dois toujours ta tournée de bière !
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C
Non je n'en ai pas parlé car je ne suis pas partisan de cette théorie de par son caractère irréaliste. Comment mettre en oeuvre les préceptes de Malthus? L'Histoire nous a montré que l'on ne peut<br /> pas lutter contre les dynamiques démographiques. Il est vrai que l'on sera surement trop sur Terre bientôt et cela augmentera encore la pression démographique exercée sur la planète, mais les<br /> transitions démographiques ne sont pas finies en Asie de l'Est et ne font que débuter en Afrique...
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J
En lisant le titre de l'article, je me suis demandé si t'allais oser une analyse malthusienne. Je vois que c'est toujours taboo, mais on finira par y venir.
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V
Vous pourrez aussi trouvez des supers informations dans le livre de Hervé Kempf: Comment les riches détruisent la planète. Concernant la viande, les pesticides, et autres...<br /> <br /> Je vous invite aussi a regarder le documentaire : Solutions locale pour un désordre global.<br /> <br /> Et enfin vous pouvez faire un petit tour sur le site du mouvement colibri, prônant les idées d'agroécologie et l'humanisme... http://www.colibris-lemouvement.org<br /> <br /> Ensemble, avançons!
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